Jean Larive

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Mariana,un handicap roumain

MARIANA, un handicap roumain

La première fois que j’ai entendu parler de Mariana, en décembre 2011, c’est par l’une de ses voisines de bidonville. Elle venait tout juste d’arriver de Roumanie avec sa famille et il fallait l’aider. Nous sommes aller voir ses parents pour la rencontrer. Lorsque son père a branché l’ampoule de la baraque, Mariana m’est apparue. Elle était allongée sous un amas de couverture, un fichu sur la tête, un sourire gêné et des yeux qui ne savaient pas où se fixer. Et pour cause! Quatre ans auparavant, Mariana avait perdu la vue suite à un accident cérébral. Du jour au lendemain, la jeune fille de 20 ans s’était trouvée plongée dans le noir. Fragilisée psychologiquement, dépendante de ses proches pour le moindre déplacement, elle vivait depuis dans une sorte de prostration. Après avoir épuisé toutes ses ressources en Roumanie, la famille avait décidé de venir en France, seul lieu en Europe, selon les médecins roumains, où des examens complémentaires plus poussés pourraient laisser envisager une opération de la dernière chance. C’est avec cet espoir que j’ai commencé à faire des photos d’elle, de ses proches, de sa baraque et du bidonville, l’idée étant de constituer un album qu’elle pourrait feuilleter plus tard une fois sa vue retrouvée.

Lors des 18 mois qui ont suivi notre rencontre, j’ai accompagné Mariana et les siens. Démarches administratives, médicales, juridiques, expulsions (6 durant cette période), avec eux, j’ai rencontré le meilleur de ce que la France peut offrir, notamment en terme de prise en charges médicales, et le pire, le harcèlement policier ou la violence d’un arrêté municipal qui laisse 24h pour dégager sans souci d’accompagnement. Durant cette période, Mariana a obtenu un titre de séjour d’un an pour soins, qui n’a pas été renouvelé. Les médecins ont été catégoriques sur l’état de son nerf optique: irrécupérable.

 

J’ai pris mes distances avec la famille une fois celle-ci accompagnée socialement et logée à l’hôtel, en avril 2013. En mars 2014, j’ai appris que le 115 avait mis un terme à leur hébergement en hôtel. J’ai revu la famille dans un bidonville d’Ivry avant de perdre à nouveau sa trace suite à une expulsion. En février 2016, un ami m’a dit avoir vu son père dans un camp lugubre de l’Essonne. J’y suis allé. Mariana était allongée sous un amas de couverture, un fichu sur la tête...

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