India - Sugar Girls

In May 2019, activists from Beed district, Maharashtra in India, uncovered shocking facts : an abnormally high number of women, all working as sugarcane cutters, underwent a hysterectomy (ablation of the uterus). Even more shocking, these surgeries were unnecessary and performed coercively. 
Every year, thousands of women are indeed tricked by doctors from the private health sector, making them believe that the procedure is necessary. Consulted for benign issues, ranging from back pain to excessives menstruations, the doctors push the women to believe that their medical condition requires a total removal of their organ.
The only motivation behind such gruesome abuse is the sole desire to generate profit from the surgeries as prices are set freely by the clinics as all are part of the private health sector, largely overtaking the public one in India. 
Worst, there seems to be a nexus between the financial interests of these doctors and those of the women's employers in the fields. The « mukadams », as they’re called, advance the surgery’s money and apply skyrocketing interest rates. Some even see themselves promised a commission for each of their employees sent to have a surgery.

If sugarcane cutters are the main target of this abuse, it’s because their labour is part of the informal economy of the country: they’re unprotected by any legal frame, and aren’t benefiting from any social security. The women, part of the lowest Indian castes for the majority, have very little knowledge of their own bodies, and trust blindly the practitioners.
The practice, in place since more than 15 years, is rampant to the point that some villages in Beed show a hysterectomy rates as high as 35% of their women. 
This absolute abuse is the symptom of the Indian’s privatisation of its economy, the expression of an ongoing quest for capitalisation. Women are mutilated for the sake of profit, in a country shaped by a rampant patriarchal mentality.
 

 

FR

Mai 2019, en Inde, l’heure est au scandale tandis que des activistes de l’état du Maharashtra révèlent des faits alar- mants: chaque année, des milliers de femmes, toutes coupeuses de canne à sucre, sont victimes d’hysterecto- mies (ablation totale de l’utérus) pratiquées sous la contrainte.

Cette pratique a été mise en place voilà plusieurs dizaines d’années par des médecins du secteur médical privé afin de générer du profit. Lorsque consultés pour des problèmes de santé bénins, ces praticiens forcent leurs pa- tientes à croire qu’une hystérectomie leur est nécéssaire, abusant de leur manque de connaissance vis à vis de leur propre corps, et pratiquent ainsi ces opérations à la chaîne, en toute impunité.

Puisqu’opérant dans des cliniques privées, ils fixent alors librement le prix de l’opération qui peut atteindre $700 - une véritable fortune pour ces femmes précaires.

Et si ces travailleuses agricoles sont les cibles favorisées de cette combine, c’est à cause de la nature même de leur travail issu de l’économie informelle du pays et donc encadré d’aucune régulation, contrôlé par aucun syndicat et ne leur permettant de jouir d’aucune sécurité sociale.
Le travail est par ailleurs particulièrement éprouvant physiquement, favorisant les problèmes de santé qui poussent les femmes entre les mains de ces médecins malveillants.

Mais le calvaire de ces femmes ne s’arrête pas là puisque de nombreux employeurs des plantations de canne à sucre - les « mukadams » - n'hésitent pas à encourager cette pratique dans l'optique de faire disparaître leurs mens- truations et ainsi accroître leur productivité dans les champs.

Cette pratique s’ancre profondément dans la dynamique de la privatisation de l’économie indienne, en recherche accrue de profit. Si jusqu’aux années 70 l’avortement représentait ainsi l’opération la plus lucrative pour ces médecins, la démocratisation des méthodes contraceptives et de la stérilisation les a poussé à chercher une nouvelle manière de capitaliser: c’est ainsi que que la pratique des hystérectomies abusives s’est répandue.

En réaction à ces révélations, un Comité d’état a été créé par le gouvernement Indien en Juin 2019, avec pour mission d’enquêter sur cette pratique dans le district de Beed (Maharashtra). Ce district n’est autre que le berceau de la main d'oeuvre des plantations de cannes à sucre du pays en raison de l’extrême pauvreté touchant ses habitants: désespérés, ils n’ont pas d'autre choix que de se tourner vers le travail de coupeur de cannes malgré les conditions de travail particulièrement précaires. Cependant, seules des recommandations ont été émises jusqu’à présent par le Comité d’état, tandis que l’implémentation de régulations concrètes et de sanctions continue de se faire at- tendre. Tandis que les activistes pointent du doigt le lobby du secteur médical privé, le gouvernement indien semble regarder ailleurs, ne présageant que très peu de changement pour ces femmes dont le corps est ba- foué au nom du profit.

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