Main basse sur la terre - Guatemala

Guatemala, la palme de la discorde

80% des terres cultivables entre les mains de 2% des producteurs. Le Guatemala présente une répartition de la terre parmi les plus inégalitaires au monde. Aucune réforme agraire n'a été entreprise depuis le temps où le pays était une république bananière contrôlée par la United Fruit Company.

Les 36 ans de guerre civile, de 1960 à 1996, et les accords de paix promettant une redistribution foncière n'y ont rien changé. Pire, l'augmentation du prix des matières premières et la ruée sur les agro-carburants ont donné un essor nouveau à la spoliation foncière. Des dizaines de milliers d'hectares de canne à sucre et d'huile de palme ont ainsi été plantés ces dernières années, au prix du déplacement forcé de communautés et de la contamination de l'environnement par les produits chimiques, qui achève d'asphyxier les petits producteurs encore présents à proximité des monocultures.

Les tentatives de mobilisation des paysans ont quant à elles conduit à une criminalisation des protestations sociales. Menaces, détentions arbitraires et assassinats étouffent les voix dissidentes, à l'ombre de la vieille alliance entre l'armée et l'oligarchie nationale. Dans la région Ixil, au coeur de l'altiplano, la réouverture de bases militaires destinée à prévenir toute contestation rappelle un scénario de sinistre mémoire pour les Mayas. Pendant la guerre civile, la région a été le théâtre du massacre de communautés entières, dont les charniers commencent à peine à être découverts.

Ailleurs dans le pays, les narcotraficants sont aussi entrés dans la ronde de l'accaparement, utilisant le rachat de surfaces arables pour blanchir l'argent sale de la drogue. Triste bilan de cette ruée sur les terres: le Guatemala, jadis autosuffisant pour la production de denrées alimentaires, est devenu importateur, tandis que 80% de la population rurale indigène souffre de malnutrition chronique.

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Guatemala, the palm of discord

With 80% of arable land in the hands of 2% of the producers, Guatamala has one of the most unequal land distrubution pattern in the world. No agrarian reform has ever been planned since the time when the country was a banana republic controlled by the United Fruit Company. Neither the 36 years-long civil war, from 1960 à 1996, nor the peace agreements providing for a land redistribution could change it.

The rise in commodity prices and the rush on biofuels now make things even worse, giving rise to a new cycle of land grabbing. Tens of thousands of hectares have been converted to sugar cane and oil palm over the last few years, leading to forced displacements of communities and to an environnemental contamination with toxic substances, that is threatening the crops of small farmers still living around.

Attempts to mobilize farmers ans NGOs has led to a criminalisation of social protest. Threats, arbitrary arrest and murders are used to silence voices of dissent, the old alliance between the army and the oligarchy serving as a background. In Ixil, the reopening of military bases to prevent any social unrest is reviving open wounds among the Maya. During the civil war, whole communities have been slaughtered in the region, in mass graves that are just beginning to be discovered.

Elsewhere in the country, drug traffickers have joined land grabbing, buying land for money laundering. As a result, the land rush is undermining the country's food security. Once self-sufficient for the production of food, Guatemala has now to rely partly on importations, while more than 80% of rural and indigenous populations suffer from chronic malnutrition.

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